L is for the way you look at me
O is for the only one I see
V is very very extraordinary
E is even more than everyone that you adore
L.O.V.E. - Frank Sinatra

Quand j'étais au lycée, je voulais me faire tatouer cette représentation d'Allan A Dale sur l'omoplate gauche.

Maintenant que je suis une vieille pie d'un quart de siècle que les éboueurs appellent "madame" pour vendre leurs calendriers merdiques, j'ai très envie de l'épingler en format grandeur nature sur la porte de ma salle de bain.

Qui sait, peut-être que dans mes vieux jours j'envisagerai de le faire tailler en topiaire dans un cône de buis.

(je l'aime tellement)
 
Ta, da, da, da, da, da, whoo
I steal from the rich and give to the needy
He takes a wee percentage, but I'm not greedy
I rescue pretty damsels, man, I'm good
What a guy, ha-ha, Monsieur Hood
Break it down
Robin Hood Merrymen - Shrek Soundtrack

Ok, ça faisait longtemps. Mais j'ai de bonnes excuses.
First things first, le boulot m'a pas mal débordée. Beaucoup de choses à préparer, à gérer, à mettre au point, bref, je croule sous les livres, les fiches de prep', les bulletins, et l'administration ne me lâche plus (même si mon dossier de couverture sociale a été malencontreusement égaré la semaine dernière) (oooh mais quel dommage, moi qui croyais l'administration sans faille ...). La guitare me prend aussi beaucoup de temps (même si c'est du bonheur en 6 cordes, il n'en reste pas moins qu'on a trois concerts à préparer, et que je commence à me faire saigner les doigts à force de répéter comme le gros jambon que je suis) (que voulez-vous, en sortant du boulot je ne suis plus bonne à rien, j'en oublie même comment jouer mes doubles-croches sans avoir l'air d'essorer ma salade) (mais mes barrés ont enfin un vrai beau son de barrés bien propres, je suis tellllllement fière de moi) (Joni Mitchell, si tu m'entends, saches que je désaccorderai pas ma corde de Mi pour faire sonner mon Fa) (et toc).
Enfin, une bonne nouvelle, j'ai (enfin) (ENFIN) décroché le permis de conduire. Oo-de-lally !

Et puis, dans mes rares moments de coinçage de bulle (c'est-à-dire quand mes yeux commencent à tellement se croiser sur mon écran de PC que je suis obligée de l'éteindre pour éviter une dérive de mes globes oculaires) j'ai regardé Robin Hood.

Cette série traînait sur mon disque dur depuis quelques temps déjà, sans que je ressente vraiment une immense motivation à la regarder (peur de tomber sur une série gnan-gnan pour adolescentes en mal de hors-la-loi moulés dans des justaucorps de cuir), mais depuis la trahison infamante de Fringe (Peeeeteeeeer, mais où qu'il eeeest Peeeeeeeteeeeeeeer ??) et de Supernatural (Castiiiiieeeeeeeel bouhouhouhou) j'avais besoin de changer d'air. En attendant Merlin (agrouuuu), je me suis donc dit qu'une petite escapade en forêt de Sherwood ne me ferait sans doute pas de mal.
Je me trompais.

J'ai voulu attendre d'avoir visionné toute la série (3 saisons seulement, de 13 épisodes chacune, la série a été annulée en 2009) avant d'en parler ici, histoire d'avoir une vision d'ensemble de la chose. Je m'attendais à une série pour ado, je suis tombée sur une série pour ado, mais pour être honnête, j'avoue sans honte que j'ai accroché tout de suite comme la midinette que je suis encore au plus profond de mon cœur. Malgré l'aspect cuicui du show, les cascades ô combien improbables (un seul homme contre toute une garnison d'armoires à glace en cottes de mailles ? Pas de souci, deux-trois coups de poing bien placé, et voilà notre homme galopant dans les pré façon I Believe I Can Fly) (bon, cela dit, pour en avoir fréquenté, je reconnais que les armoires à glace en cotte de mailles ne font pas partie de l'élite intellectuelle de l'humanité), et les épées qui ressortent sans la moindre trace de sang après avoir pourfendu un vil maraud (qui ne saigne pas, d'ailleurs), la série a eu le mérite de m'emporter totalement. Tout comme Merlin m'a fait oublier ses nombreuses incohérences par rapport aux légendes arthuriennes originales, Robin Hood m'a fait croire momentanément que 6 pécores planqués dans les bois pouvaient effectivement venir à bout de tout un château rien qu'avec une épingle à cheveux et une passoire à thé.

Car Robin Hood ne manque pas d'arguments. Les décors, déjà, qui m'ont prise à la gorge dès les premiers plans (bon sang qu'elle est belle cette forêt). Le dynamisme de la série, son rythme franchement bien mené, avec une intrigue par épisode, mais néanmoins un fil conducteur tout au long de la saison qui tient en haleine et ne laisse pas le temps de s'ennuyer. Et puis, last but not least, des personnages inoubliables :

* Allan de Dale, d'abord, le tout premier trublion à ouvrir la danse. Il faut savoir qu'Allan de Dale a toujours été un de mes chouchous des légendes Sherwoodesques, depuis son incarnation gallinacéenne dans le dessin animé de Disney, en 1973 (où il est un coq qui joue de la mandoline) (de la mandoline) (de la MANDOLINE) (je suis faible). Comme quoi, mon inclinaison pour les ménestrels ne date pas d'hier. Cela dit, au début de Robin Hood, ma déception fut immense : Allan n'est pas un ménestrel, il ne pousse aucune chansonnette, ne gueule pas Oo-de-lally à chaque coin de geôle, et (pire), ne joue même pas de mandoline (quelle infamie). Non, ici, Allan est un braconnier, un pickpocket, un voleur à la tire et un escroc de première, qui se retrouve embarqué dans la bande à Robin presque par hasard. Mais, passée cette première déconvenue (mandoliiiine bouhouhouhou), on se prend à s'attacher à ce personnage si versatile, aux répliques piquantes, à l'humour acéré et au faciès si particulier (j'avais déjà croisé la bobine de l'acteur qui l'incarne dans un épisode de Midsomer Murders, alias Inspecteur Barnaby, il m'avait déjà marquée à l'époque) (et franchement la moustache le bonifie) (oui, je sais, on s'en fout) (et oui, je regarde Barnaby, et j'aime tellement ça que j'ai pleuré quand John Nettles a annoncé sa retraite).

* Le Shérif de Nottingham, ensuite, absolument fabuleux, sadique, tordu, agressif, pourri jusqu'à la moelle, dans la lignée de l'inoubliable Alan Rickman (mon idole) dans le tout aussi inoubliable Robin des Bois Prince des Voleurs (1991 déjà, j'ai pris un coup de vieux magistral quand j'ai réalisé que ce film, mon film culte adoré, avait déjà 20 ans d'âge). Il est imbuvable, horrible, détestable, flanque des coups de pieds à ses gardes (mais comment pourrais-je en vouloir à quelqu'un qui rosse des armoires à glace en cotte de mailles ? Franchement ?), se sert d'un de ces malheureux comme marche-pieds pour monter à cheval, écrase des petits oiseaux dans ses mains, vole des dents sur des crânes de suppliciés, pend, décapite, écartèle, torture, ricane et tripote abondamment cette pauvre pomme de Guy de Guisborne. Incroyablement savoureux. Un méchant comme on n'en fait plus.

* Guy de Guisborne, d'ailleurs, m'a pas mal accrochée aussi. Bon, déjà, le fait qu'il soit incarné par Richard Armitage y était peut-être pour quelque chose (je suis faible), mais pas seulement. Une pauvre pomme, donc. Je serai tentée de dire qu'il est bête à manger du foin si son sursaut de lucidité dans la saison 3 ne l'avait pas un peu sauvé intellectuellement parlant. Éternel sous-fifre, capricieux et frustré, chien de garde du Shérif (qui ne se prive pas de l'humilier, notamment en l'affublant de sobriquets ridicule du genre "Guitsby", ou à le comparer à une donzelle), bêtement amoureux de Marianne qui se paie sa tête de manière éhontée (un peu trop d'ailleurs), toujours austèrement de noir vêtu, il aurait pu être totalement transparent, mais au contraire, il est vite devenu l'un des inoubliables.

Les deux premières saisons m'ont mises au supplice, tant grande était ma détresse à devoir aller me coucher pour me lever tôt le lendemain, résistant à la tentation de regarder des épisodes jusqu'au bout de la nuit, jusqu'à l'épuisement, endormie comme une loque dans le canapé, enveloppée dans mon plaid scène de crime, entre un paquet vide d'Oreo et une bouteille de bière (vide elle aussi) (Oreo-bière, c'est assez intéressant d'ailleurs, je vous le recommande) (oui, je sais, je suis pitoyable).
La troisième saison a été un suicide infligé (un meurtre, quoi). Déjà, la fin de la saison 2, avec la mort de l'un des personnages, m'avait rendue un peu dubitative. J'ai visionné la fin de la saison 3 (et donc la fin de la série) hier soir, et je n'en suis toujours pas remise.

A partir de là, attention jeune Padawan, je risque de te spoiler horriblement et de réduire ton innocence à un tas de cendres encore fumantes. You've been warmed.

Le double épisode final est un son of a bitch. Je crois n'avoir pas cessé une seule seconde de pleurer depuis la mort d'Allan (à la fin de la première partie), abattu de plusieurs flèches dans le dos comme un chien en pleine forêt, balancé dans une toile de jute comme un déchet sur le pont-levis de Nottingham (après avoir couiné un long "noooooooooooon" de veuve éplorée en serrant Batman dans mes bras, je sentais les larmes couler toutes seules sur mes joues) (pitoyable) (je dois avoir les hormones en roue libre en ce moment). Alors que je commençais tout juste à réduire mon taux d'hygrométrie oculaire, voilà que c'est au tour de Guisborne de se faire pourfendre comme une tomate à brochette (et hardi-petit, le canal lacrymal nous la joue Cry Me A River). La fin m'a achevée avec le décès de ce pauvre Robin, qui se tape un dernier trip au pied d'un arbre avant de passer l'arc à gauche.
43 minutes de larmes ininterrompues.
J'ai croisé mon reflet dans un miroir, je ressemblais à une fan de Tokio Hotel.
Saleté de série.

Voilà, j'ai fini de raconter la fin, tu peux rouvrir les yeux.

Bref, finalement je ne sais pas si je suis contente ou pas d'avoir regardé cette série. Pendant un mois, j'ai eu l'impression dégradante de ne vivre que pour visionner la suite (et de sursauter dans la cour de récréation à chaque fois que le pauvre petit Alan, CE1 - et une forte propension à faire des bêtises plus grosses que lui avec un ballon - se faisait apostropher d'une voix de stentor par sa maîtresse excédée), à éprouver un plaisir presque obscène en allumant mon disque dur chaque soir et en plongeant dans le paquet de Miel Pops comme la misère sur le Tiers Monde. Tout ça pour finir à traîner les pieds jusqu'à mon lit pour aller noyer le deuil de mes personnages favoris sur une taie d'oreiller qui n'en demandait pas tant.

Je crois que je hais les séries télé.
 
Let's have a ball and a biscuit sugar
And take our sweet little time about it
Tell everyone in the place just to get out
We'll get clean together
And I'll find a soapbox where I can shout it
Ball And Biscuit - The White Stripes


C'est le plus beau jour de ma vie.
 
Only the crumbliest
Flakiest chocolate, yeah
Taste like chocolate never tasted before
Chocolate - James Blunt

Aujourd'hui, en rentrant du boulot, j'ai eu une furieuse envie de Miel Pops Cracks (déjà en ce moment je carbure au pain de mie tartiné de Cadbury spread) (le Cadubury spread c'est le diable incarné en pâte à tartiner) (les cornes en moins, le chocolat en plus). Je me suis donc arrêtée au Monop' entre deux correspondances de bus, Georgette mon caddie me grignotant le trapèze gauche en couinant, pour en acheter un paquet (si si, il va y avoir un dénouement, promis). Je suis passée à la caisse en visualisant déjà un bol de lait et une cuillère à soupe flotter sous mes yeux ébahis.
Ce n'est qu'arrivée chez moi que je l'ai vue. La pastille.
L'infamie.
La honte.
Le blasphème.

La pastille, donc. Rouge, ronde, qui annonce fièrement que mes céréales chéries ont été soumises à une révision de la recette pour ... Une amélioration nutritionnelle.
En un mot comme en cent, le couperet est tombé. Ils ont allégé les Miel Pops.
Ils ont osé.
Ils ont touché aux enfants.
Par la malepeste.

Aujourd'hui, en rentrant du boulot, j'ai eu une furieuse envie de Miel Pops Cracks. Aujourd'hui, en rentrant du boulot, j'ai dû épancher mon envie irrépressible de Miel Pops Cracks avec une nouvelle recette qui m'a donné la délicieuse impression de manger l'emballage.

...

Heureusement, le pot de Cadbury spread à 581 calories les 100g est encore à moitié plein (à moitié vide maintenant).
God save the fat.