I am the one hiding under your bed
Teeth ground sharp and eyes glowing red
I am the one hiding under yours stairs
Fingers like snakes and spiders in my hair

This Is Halloween .:. Danny Elfman

S'il y a une chose qu'il faut savoir sur moi, c'est que je suis une fan absolue d'Hallowe'en. Je ne sais pas si c'est mon vieux côté gothique-refoulée-adepte-des-fioles-de-poison-et-des-chats-noirs-hurlants-à-la-lune, la sorcière schizophrène qui partage les méandres de mon cerveau détraqué, mon goût immodéré pour les bougies allumées partout et la Soupe de Carrosse que j'avale tous les automne ou mes aspirations à des délires vestimentaires tellement douteux qu'ils en frôlent le mauvais goût (cf. mes collants fushia adorés que j'adore porter avec des santiags taupe et une veste en velours violet) qui ont déclenché chez moi cet engouement Hallowe'enesque depuis mes vertes années de collégienne, mais les faits sont là. Hallowe'en est ma fête préférée.

Mais s'il y a une autre chose qu'il faut savoir sur Hallowe'en et moi, c'est que cette fête que j'aime tant a (presque) toujours été un foirage légendaire, année après année. J'en étais venue à songer avec tristesse, amertume et louchées de Nutella que oui, j'aimais Hallowe'en, mais non, Hallowe'en ne pouvait pas me voir en gravure.
Aouch.

Bon, soyons honnêtes un minimum, mes premières tentatives de festivités grimaçantes n'ont pas été si catastrophiques que ça ... Depuis mes débuts aux alentours d'octobre 1999 (au siècle dernier, donc), il y a même eu de franches parties de rigolade.
1999, le tout premier, passé à se raconter des histoires-qui-font-peur avec des copines, serrées autour d'une citrouille massacrée et tellement mal vidée qu'elle en faisait de la soupe sur son assiette, la pauvre.
2000, déguisements plus qu'approximatifs avec une amie et séance photo craquage, visages barbouillés de rouge à lèvres et gargouille-doudou à l'appui.
2002, tambouilles sorceleuses avec une alter égale.
2007, déguisements assumés portés en ville et au grill du coin après 6h de merdouille pseudo-musicale avec ce qui fut le très virulent et très éphémère groupe de reprises foireuses et multi- instrumentales, The Broomsticks (copyright). Où j'ai maltraité une basse, fait voler des baguettes de batterie (je fais TOUJOURS voler les baguettes de batterie, à croire que le Destin lui-même cherche à me les arracher des mains) (et des escarpins aussi, mais ça c'est une autre histoire), caché des médiators dans mes chaussettes, fait un massage des oreilles à un border collie et couiné de ma voix de casserole apoplectique. Tout ça.

Mais tout de même, la plupart du temps, mes tentatives d'organisation des festivités citrouillesques se résumaient invariablement à ce même déprimant schéma (pour préserver l'anonymat des mes (en majeure partie ex) amis, ils seront tous sus-désignés sous le poétique pseudonyme de Jean-Jacques):
Moi : Oh dis-donc, Jean-Jacques, c'est bientôt Hallowe'en !
Jean-Jacques : Hm ?
Moi : On fait un truc, dis ?
JJ : Euh, pfff, chépas, je bosse je crois.
Moi : C'est pendant les vacances/ça tombe un dimanche/tu-es-en-RTT-souviens-toi !
JJ : Ah. Euh. Bon. Je te redis ça ?
Et la suite était à cocher dans la liste suivante :
¤ Oh mince, pardon mon dindon, mais tata Fernande s'est cassé le col du fémur, faut que j'aille l'aider à brosser le poil de son bichon.
¤ Je suis telllllllement désolé(e), j'avais zappé que j'avais un championnat de mosaïque pile ce jour-là ...
¤ J'ai vraiment trop rien à me mettre, en plus j'ai pris 3 kilos, faut que je fasse couler un bain à Raoul sinon il va me plaquer. Toute la journée, oui. Hein ? Et la soirée aussi, évidemment.
¤ Et si on faisait un scrabble, plutôt ? Hein ? Dis ? Que je te raconte mes problèmes ?
¤ Ma religion me l'interdit.

Glorieuses excuses qui auraient pu toutes se résumer à l'honnête réponse suivante : "Pas la peine, j'ai pas besoin de toi en ce moment". CQFD.

Donc bon, tous les ans, invariablement ou presque, j'en étais réduite à la même routine : décorer mon appart, toute seule, en frétillant de joyeuseté en écoutant en boucle This Is Halloween de Danny Elfman et en dansant avec Mister Jack (mon cochon d'Inde) (qui a pris le parti de faire le mort dans ces moments-là). Lancer des invitations à tour de bras pendant un mois. Acheter et creuser des citrouilles. Ne récolter que des refus. Allumer mes citrouilles toute seule comme une idiote et bâfrer bonbons et Nutella (et chips à la crevette) devant un Tim Burton en me disant que vraiment, c'est chaque fois la même rengaine.
Ou pire, faire une croix sur tout et aller éponger les peines de cœur de Jean-Jacques qui se fiche des miennes comme de son premier essuie-glace.

Mais cette année, ce fut différent.
(Roulements de tambours, musique de suspens, choristes shootés à la vodka)
Cette année, quelqu'un d'autre que moi a pris les choses en mains.

Pourtant, c'était encore mal parti. D'année en année, je ne sais pas s'il en est de même chez vous, mais on sent de moins en moins l'esprit d'Hallowe'en planer par chez nous (puisque les gens qui ne pensent pas plus loin que le bout de leur nez répètent encore et toujours que c'est une fête américaine qui n'a rien à faire "chez nous") (je n'ai même plus le courage de démentir) (alors que le Ramadan est inscrit sur les calendriers des agendas 2013) (bref).
Pourtant, ma pharmacienne avait fait une superbe décoration. Voyez plutôt :
Ça donnerait presque envie d'être malade.

Mais non, quand je dis que quelqu'un a pris les choses en mains, je ne parle pas de ma pharmacienne (même si elle m'a sauvé la vie plusieurs fois mais là n'est pas le sujet).

Bref, notre projet pour cette année était d'organiser une soirée costumée entre divers amis (les miens et ceux du batteur barbichu) histoire de marquer le coup et de passer un bon moment.
Problèmes.
Hallowe'en a lieu pendant les vacances scolaires. Or plusieurs de mes amies-collègues profitent de ces périodes bénies pour quitter leur région d'exil (alias celle où je vis) pour regagner les pénates lointaines que notre boulot les force à abandonner. Résultat des courses : la plus proche était à 103 km de chez moi. Bon.
Hallowe'en a lieu pendant les vacances scolaires. Et tombe un mercredi. Or, pour les amis du batteur barbichu, les vacances scolaires ne sont pas des vacances. Et le mercredi soir n'est pas franchement la date idéale pour aller faire la bringue déguisé en empereur romain zombie.
On a bien tenté de le décaler au samedi suivant, mais problèmes, l'enthousiasme récolté remplissait à peine un fond de dé à coudre et fêter Hallowe'en le 3 novembre, c'était un peu tristounet.
Je sentais venir le vieux revival de la soirée qui sent le sapin.

Et puis le barbichu a eu une idée.

Il faut dire que le barbichu a souvent des idées. Des idées un peu échevelées parfois, mais qui se révèlent toujours franchement chouettes à réaliser. Des idées du genre "je sais bien qu'on est en septembre et qu'on bosse, mais si on se barrait à la mer ce week end ? Hein ?". Et aussi "oh, tiens, et si je tentais la sauce au pesto maison ?". Ou encore "Et si tu t'achetais ces petites compensées rayées, là, au lieu de ces sandales vert pomme fluo ?".
(Bon, il en a aussi des discutables, du genre "et si je me laissais pousser la moustache et que je roulais en Vespa ?", mais personne n'est parfait)
Bref.

Quelques jours avant la date fatidique, soudain, une idée.
"Et si on laissait tout tomber et qu'on allait le fêter à Disneyland ? Ils font une soirée spéciale, regarde ..."

2012.
Déguisements improvisés, maquillage bilatéral, Lucifer et sa sorcière sont allés frapper chez Mickey. Qui avait pour l'occasion été mis à la rue par Maléfique and co.
Hystérie dans les attractions pour enfants (Blanche-Neige, Pinocchio, Peter Pan, le monde des poupées, Pirates des Caraïbes ...), flambages bancaires dans les boutiques, hurlements psychotiques dans le train d'Indiana Jones au beau milieu de la nuit, égarement total et assumé dans les méandres obscurs du parc, émerveillement réveillant les sales gosses qui dorment au fond de nous, ébahissement devant tant de féérie et de beauté.
L'euphorie de voir en taille réelle les décors qui ont marqué mon enfance disneyenne (le barbichu est vierge de toute influence Disney, c'était assez drôle de mélanger les réactions de quelqu'un qui connait les classiques par cœur et d'une autre personne qui ne les a jamais vus) (oui, je sais, il est irrécupérable).
Les yeux écarquillés devant la magnificence du moindre petit détail (je me rappelle avoir pensé en boucle que je comprenais le pourquoi du comment du prix du billet) (j'ai même dû le dire à voix haute 2 ou 3 fois) (ou 12).
La groupitude assurée en rencontrant Mouche et le Capitaine Crochet (ça m'a rappelé mon attitude d'adoratrice écervelée de Snow Patrol en 2010) (Mouche a aimé mon chat-peau, Mouche a aimé mon chat-peau !!!) (oui, je suis revenue avec un chat-peau) (comprenez un chapeau représentant le Chat) (et des pantoufles Mister Jack) (le personnage, cette fois, pas mon cochon d'Inde) (jamais je ne taillerais des pantoufles dans mon cochon d'Inde, voyons, aussi tentant que cela puisse paraître).
Et retour à regret, avec à la clef un nouveau schéma pour remplacer l'ancien, proposé par une nouvelle idée du barbichu : "Et si on remettait ça tous les ans ?"
L'antre du Démon : la boutique Disney
La maison de Gepetto. J'ai voulu sauter du train pour aller m'asseoir sur le fauteuil et y mourir de confort mais le barbichu m'a retenue.
Pétasses.
Personnellement je voyais Flotsam et Jetsam moins grands.
Maléfique, mon idole ...

(vooole ... et ne me déçois pas !)
Jack et Sally en pleine techno-parade



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