The color never fades away
No matter where she has it placed
And my life would change when I saw
The face of her red guitar
Red Guitar - Kris Allen
Il y a quelques temps, mon luthier de paternel a eu une bien jolie patiente à 6 cordes, une bêbête comme je les aime, une de celles que je n'aurai sans doute jamais (compte en banque light oblige), mais que je gratouille quand même à chaque fois que l'une d'elles lui passe entre les mains.
Une Moi, de chez Gibson.
(C'est à dire une SG, que j'appelle les Moi puisque ces gratounettes partagent mes initiales) (sauf que chez elles, cela signifie Solid Guitar) (pas chez moi) (ma mère n'était pas tordue à ce point) (déjà que niveau deuxième, troisième et quatrième prénoms elle ne m'a pas gâtée ...)
Une SG rouge. Qui a pas mal vécu, avec des chocs un peu partout (son proprio n'est pas du genre soigneux, malheureusement), mais vraiment chouette quand même. La pauvre avait perdu la tête en faisant une mauvaise chute, blessure qui pouvait sembler mortelle au premier abord, mais mon père est un peu au recollage de guitares ce que Derek Sheppard est à la neurochirurgie (mais côté cheveux, par contre il est disqualifié d'office). La tête de la malheureuse n'était plus reliée au manche que par un fin réseau de bois éclaté, il a donc fallu nettoyer la blessure avant de rafistoler le tout, replacer le tuss rod correctement et s'assurer que la pression exercée par la tension des cordes n'allait pas de nouveau la décapiter.
Deux semaines de chirurgie plus tard, la belle sortait de convalescence.
Et, évidemment, comme dans la plupart des cas, mon appart a fait office pour quelques jours de salle de réveil, histoire de laisser la malade au calme avant de lancer sa rééducation.
(mon pied n'a pas volontairement atterri sur la photo, c'est juste que je ne sais pas cadrer en tenant mon appareil à bout de bras) (fallait pas oublier le grand angle chez un pote, aussi)
(n'empêche, le vernis rouge assorti, c'est un beau coup du destin)
On profite de ce moment de calme pour observer si tout va bien. Quelques examens de routine. Le chevalet et les micros d'abord, dans un sens ...
Il me semble qu'il s'agit du modèle Limited Edition paru juste avant le modèle signature de Carlos Santana. Avant qu'il ne soit customisé (bankablisé si vous voulez mon avis) par la griffe de l'artiste, qui jouait lui-même sur l'une de ces bestioles.
Une belle bête, donc.
Un petit egotrip made in Gibson, avec un jeu de lumières rouges très tralala, papapapapapaaaaaa, ah-la-la-je-ris-de-me-voir-si-belle-en-ce-moiroiiir :
"Hey, pssst, la nouvelle ! T'sais, la patronne, elle a un grain"
"Ah ouais ? Genre ?"
"Genre des fois elle te fait des bends sans que tu saches pourquoi, en poussant des cris de hyène, et même pas dans la gamme"
"Ah ouais ? Flippant."
"T'imagine, ça, au quotidien ? 'Tain, des fois j'ai juste envie de lui péter une corde à la gueule"
"Graaaave"
"Ouais, mais toi, au moins, t'as une courroie. Moi on me laisse à poil"
"Revolucion, dios del infierno !"
"Attends ... T'es mexicaine ??"
"Pfff ... Sale raciste amerloque !"
"Oh ça va, hein"
Elle est vraiment très agréable à jouer, cette petite. Manche très confortable, cordes hyper douces, cases du haut (rappel mémo : le haut du manche d'une guitare est la partie la plus proche du corps, le bas est la zone la plus proche de la tête) d'une facilité extrême à atteindre, bref, vraiment très chouette. J'avais beau ne pas avoir l'habitude, le jeu coulait tout seul.
Un seul reproche, le corps est tellement fin et léger que le manche a tendance à piquer du nez au niveau de la tête. Ca ne m'avait pas frappée tout de suite, mais au bout de deux heures de jeu, j'étais au bord de la tendinite, et finalement j'étais obligée de contracter mes doigts, ce qui me faisait presque mal à la main gauche. C'est un petit détail, mais je pense que jouer debout avec une courroie doit être assez fatigant pour le bras gauche. Avec ce genre de gratte, j'aurais peur de finir avec les bras de Rapahel Nadal. Dommage, elle était presque parfaite.
Mais finalement, comme à chaque fois, en fait, j'en arrive à la même constatation : la guitare de ma vie, c'est Izzie.